Chemin de la liberté ou la naissance de Trois

Partir de zéro.
C’est un peu le rêve de tout créateur, de tout esprit qui se veut ou se doit d’être créatif.
Partir. Comment ? Pour aller où ?
Zéro. C’est quoi ?
Zéro est une des plus grandes découvertes de l’homme. Passons l’histoire, passionnante certes, de zéro. Mais qu’est-ce ?
Derrière zéro, on peut trouver de la philosophie, de la physique, des mathématiques : rien, ne pas être, le vide, … tout cela traduit en mathématique par zéro.
En mathématique, zéro peut être trois choses
:
– Il peut être un opérateur,
un multiplicateur par 10 dans, par exemples, 10 (1×10), 20, 30, 40, …
– Il peut être un
chiffre, représentant une absence d’unité (Famille des ordinaux).
– Il peut être un
nombre signifiant une absence de quelque chose: pomme, poire, … (Famille des cardinaux).
Partir de zéro, c’est un peu ces trois choses à la fois. Il y a une opération (‘partir’), une notion d’ordre (‘ je ne suis nulle part’) et une notion de nombre (‘je n’ai pas d’identité’).
Le départ du « Chemin de la liberté ou la Naissance de Trois» est un zéro, mais un zéro qui n’est pas n’importe quoi.
Pour partir sur le « Chemin de la liberté », il faut pouvoir compter jusque trois, cela dit sans jeu de mot. Ce n’est pas toujours facile de compter jusque trois à la base des choses. Sartre, par exemple, n’y est pas
arrivé (2 concepts: l’En-soi et le Pour-soi). Descartes n’y est pas arrivé (le Dualisme). Certes, cela n’a pas empêché ce dernier, avec Pascal, d’être une semence qui a donné naissance à l’alphabet du langage digital (avec 2 chiffres: 0 et 1). Compter jusque deux n’est pas facile, compter jusque trois (à la base des choses) l’est encore moins. Hegel l’a fait (cfr. l’aspect triangulaire de sa phénoménologie).

Partir de zéro est complexe.

La complexité a une signification particulière en mathématiques. Les nombres dits complexes sont des nombres qui comprennent un nombre imaginaire, le nombre i. Le nombre i est imaginaire car son carré ( i²) est négatif, ce qui est contraire à la logique mathématique. Mais les mathématiciens ne peuvent pas faire sans ce nombre pour résoudre des équations complexes. Par exemple, la fonction zêta de Riemann(1*), qui fait appel à ces nombres complexes et donne lieu à une conjecture du même nom : la conjecture de Riemann, est célèbre car la démonstration de cette conjecture remportera à son auteur un prix d’un million de dollars. De nombreux Médailles Field (c-à-d l’équivalent du Prix Nobel en mathématiques) se sont penchés sur cette démonstration sans, jusqu’à présent, y parvenir.
La fonction zêta de Riemann laisse entrevoir, selon moi, la possibilité de l’existence d’un zéro imaginaire dont le zéro réel serait l’extension : l’inverse de la théorie actuelle dans laquelle les nombres complexes (comprenant le nombre imaginaire i) sont une extension des nombres réels. A partir d’un tel univers, on peut imaginer un zéro partagé entre le zéro imaginaire et le zéro réel. Zéro serait ainsi fait de deux zéros : zéro = zéro réel + zéro imaginaire.
Quelle serait la part relative du zéro réel et du zéro imaginaire dans zéro ? Le nombre imaginaire i est une inversion de signe avec le chiffre 1. On pourrait imaginer une symétrie inverse dans laquelle le zéro réel et le zéro imaginaire se partagent pour moitié chacun le zéro. Ainsi, zéro réel serait égal à ½ zéro. Pour le zéro imaginaire : zéro imaginaire= – ½ zéro(
2*).
La fonction zêta de Riemann a un côté mystérieux suite à l’inclusion de l’infini dans la formule. Or, dans le réel de l’espace-temps, tel que nous le connaissons aujourd’hui, l’infiniment petit
n’existe pas (3*) et l’incertitude concernant l’infiniment grand subsiste à cause notamment de l’entropie. Si l’infini (l’absolu) existe, ce ne peut être que dans l’imaginaire ou à l’intersection entre l’imaginaire et le réel. L’intersection entre le réel et l’imaginaire ne dure que 10 exposant – 43 secondes (0,0000000000000000000000000000000000000000001seconde: 42 zéros après la virgule 1 seconde), c-à-d l’ère de Planck. L’infini existe-t-il dans l’imaginaire ? Difficile de le savoir tant que la question est posée à partir d’un point de l’espace-temps(4*). Mais on peut l’imaginer. Imaginer l’imaginaire donc.

—————————————————————————————————————————————-

(1*)

Conjecture (hypothèse) de Riemann : pour zeta (s) = 0, la partie réelle = ½.
(2*) Dans mon imaginaire, le zéro réel et le zéro imaginaire ne peuvent pas se trouver sur le même point dans l’espace (Espace euclidien à deux dimensions, à l’intersection entre l’axe des ordonnées et des abscisses). Entre les deux, se trouve zéro, un nombre à l’intersection entre l’espace–temps (le réel) et ce qui est en dehors de l’espace-temps (l’imaginaire). Ce zéro n’est pas un point mais un champ ouvrant une troisième dimension. D’un point de vue fondamental physique, la chose pourrait éventuellement être expliquée par l’hypothèse qu’à un point physique 0 de l’univers, émerge dans un premier temps une construction (reconstruction?) d’un (du?) champs scalaire sur lequel ou à partir duquel l’espace-temps (le réel) peut venir se construire.
(3*) A l’échelle du petit : Carlo Rovelli. Par de-là le visible. Éditions Odile Jacob. 2015.
(4*) La démonstration de la conjecture de Riemann est impossible, selon moi, à cause de l’inclusion de l’infini (une valeur indéterminée) dans l’équation. Par contre, si zéro = zéro réel + zéro imaginaire (zéro réel = ½ zéro et zéro imaginaire = – ½ zéro), elle peut être elle-même une démonstration d’une symétrie inverse entre le réel et l’imaginaire.
Démontrer la conjecture de Riemann reviendrait, selon moi, à démontrer que blanc est blanc. Pour cela, il faudrait démontrer que toutes les nuances de couleur autres que le blanc ne sont pas blanches. Si le nombre de nuances de couleur est infini, la démonstration n’aurait pas de fin. (Que vaudrait alors le prix d’un million de dollars dans un temps infini ?) Si le nombre de nuances de couleur est fini, il faudrait alors remplacer l’infini dans la fonction zêta par un nombre fini.

—————————————————————————————————————————————-

Le point de départ du « Chemin de la liberté ou la Naissance de Trois» est le zéro réel, soit ½ zéro.
½ est implicite ou émerge de zéro. Les deux nombres 1 et 2 sont inscrits dans le zéro mais d’une manière relative : 1 n’existe que par rapport à 2 et vice versa.
1 et 2 « émergent » : comment ?
Pour émerger, le zéro réel doit être d’une manière ou d’une autre ouvert sur ce qui se trouve en dehors de lui-même. Dans « Chemin de la liberté ou la Naissance de Trois », il le fait via un mouvement hyperbolique (voir photo ci-dessous). Une hyperbole (qui est la cousine de l’ellipse) a la particularité que plusieurs parallèles différentes peuvent parfois être tirées à partir d’un point extérieur à une droite. Ce point extérieur a donc parfois le choix entre plusieurs routes parallèles.


Avoir un choix, c’est le début de la liberté.
La liberté : avoir un choix. Pour quoi faire ?
Pas n’importe quoi.
Dans l’hyperbole, le choix entre les parallèles est limité.
Dans l’univers, il y a des règles qui sont incontournables, gérées par des forces inégalables par l’homme ; il y a des constantes (vitesse maximale de la lumière, information minimale, longueur quantique minimale), des limites dans la nature, limites au-delà desquelles l’homme court à sa perte.
Le choix est, au départ, cadré.
Quelle est la forme de ce cadre ?
Le cadre a une forme idéale : symétrique, circulaire. Le cercle est une forme géométrique idéale, théorique. Le cercle n’existe pas dans l’univers et la nature. Il n’existe que dans l’esprit d’Archimède, des géomètres, des mathématiciens, des architectes, des artistes. C’est une construction que l’on trouve dans la fonction zêta de Riemann. Au point zéro réel, cette fonction tourne en rond sur elle-même, dans un cercle (cfr. Visualizing the Riemann zeta function and analytic continuation – 3blue1brown – https://www.youtube.com/watch?v=sD0NjbwqlYw
) :

Quelles sont les caractéristiques de 1 et 2 ?
Dans la fonction zêta de Riemann, 1 et 2 émergent de zéro réel dans un cercle de diamètre 2, entre +1 r et -1 r, +1 i et -1 i. Lorsque r = 0, 1 et 2 héritent en quelque sorte de la forme circulaire de zéro.
Au point zéro, 1 et 2 n’existent que l’un par rapport à l’autre.
Dans le Chemin de la liberté ou La Naissance de Trois, ce rapport a une forme géométrique particulière : un forme elliptique.


L’ellipse est la cousine de l’hyperbole. L équation algébrique de l’ellipse est la même que celle de l’hyperbole sauf que l’opérateur dans l’ellipse est un + alors qu’il est un – dans l’hyperbole. Les deux équations sont égales à 1 (Ellipse : x²/a² + y²/b² = 1 et Hyperbole: x²/a² – y²/b² = 1
). Tandis que la forme de l’hyperbole est tournée vers l’extérieur, la forme de l’ellipse est tournée sur l’intérieur.

Dans le Chemin de la liberté ou La Naissance de Trois, une forme elliptique émerge du rapport entre Un et Deux. Trois hérite d’une forme hyperbolique.
Trois est une nouvelle entité.
Trois est le fruit réel d’une perfection imaginaire ou théorique.
Émergeant de la matrice de Un et Deux, il est prisonnier d’une perfection qui tourne sur elle-même. Cette prison est virtuelle car la perfection est imaginaire.
Il est sorti de cette prison. Trois se trouve au départ d’un large chemin cadré, le chemin de la liberté. Il n’est pas le fruit du chaos.

Tous les humains ont le potentiel de pouvoir transformer une ellipse en une hyperbole.

—————————————————————————————————————————————-

L’œuvre Chemin de la liberté ou la Naissance de Trois a été réalisée à partir d’un rouleau de compression agricole en fonte.
Une création pure, entendu par cela une création réalisée à partir de rien, est impossible pour l’homme. Une création pure, si possible, n’est réalisable qu’à partir d’une information nulle.
L’information nulle n’existe théoriquement qu’à l’intersection entre la matière et l’anti-matière.
Avec ses compressions, l’artiste César semble avoir cerné, consciemment ou inconsciemment, le sens de ce qu’est la création pure dans le sens décrit ci-dessus. Il en a fait des représentations métaphoriques. Des représentations métaphoriques (1) de création pure (2).
Partageant ce sentiment d’impossibilité de création pure, j’essaye de faire preuve d’humilité en utilisant moi aussi des matériaux de récupération. Désireux de faire valoir mon droit à une certaine liberté, j’espère avoir réalisé, à la différence de César, une
représentation métaphorique (1) d’un outil (2) de création que j’espère pure (3) (‘pur’ étant cette fois compris dans le sens donné par Hegel (Cfr. l’art et ‘ l’esprit pur et libre’ ).

—————————————————————————————————————————————-


Fonte. Réalisé en trois exemplaires.
Hauteur : 1.05m
Longueur : 75cm
Largeur (hors socle): 10cm
Patiné.
Finition : vernis polyuréthane bi composant.
Poids (hors socle) : 34,5kg
Bernard Leclère
22/05/2019
bernardleclere.com
Copyright© 2018