L’être humain du début du 21ème siècle s’est construit sur une base forgée le siècle précédent. Cette base n’est pas (plus) constituée de pieux solidement ancrés dans le sol. Elle est faite d’atomes, de particules élémentaires dont l’apparente liberté a donné naissance à l’univers (ou le multivers) qui s’est forgé lui-même au rythme d’interactions dont les effets à long terme sont imprévisibles (l’effet papillon).
La théorie de ce que les mathématiciens ont appelé le chaos s’est infiltrée à tous les échelons : la culture (jurassic park, la téléréalité, …), la philosophie (Deridda, …), l’économie (l’exploitation de l’ego, …), la politique (les droits avant les devoirs, …), … le tout poussé par un vent arrière, celui soufflé par la physique du plus petit, la physique du micro : la physique quantique.
Le terme chaos, qui est rentré dans l’inconscient collectif, est un terme mal choisi par les mathématiciens. Il eut été préférable de parler de théorie de l’incertain ou, son corollaire, théorie de la liberté.
Certes, la physique quantique et ses applications n’ont pas encore dit leur dernier mot mais d’ores et déjà il est possible d’entrevoir leurs limites car, comme l’ont démontré les physiciens quantiques eux-mêmes, l’infiniment petit n’existe pas (cfr. Carlo Rovelli. Par de-là le visible. Éditions Odile Jacob. 2015).
Les mathématiciens semblent ne pas encore avoir pris en compte cette nouvelle donnée.
Du point de vue de la physique fondamentale, la seule question persistante entourant l’infini est celle qui regarde l’infiniment grand, le macro infini, soit la physique d’Einstein, la physique du cosmos.
Le chaos arrange bien les hommes politiques. L’incertitude entraîne souvent la peur. Pour affronter la peur, il faut être fort. Les hommes politiques doivent être forts. Qu’ils soient démocratiquement élus ou pas, le peuple attend d’eux qu’ils se posent en modèles, en rempart contre la peur. Trump, Erdogan, Mohammed Ben Salmane, Putine, Ali Khamenei, Xi Jinping (les TEMPAX) pour n’en citer que quelques uns, sont des hommes politiques du (début du) 21ème siècle.
Un début qui ne durera que le temps du début,
si et seulement si les peuples décident de ne plus avoir peur.
Les hommes politiques ne sont pas les seuls à exploiter le sentiment de peur. Ils ont des alliés : la finance et la presse. Et pourquoi la presse ? La culture du chaos s’est infiltrée dans la presse qui, elle aussi, sert souvent la peur comme plat principal au peuple, soit parce qu’elle est au service de partis ou d’hommes politiques, soit parce que, sous le couvert de la liberté de la presse, elle se présente en rang dispersé devant le peuple comme des électrons libres dans un champ fait de chaos. La presse est supposée faire le tri. Le peuple est supposé faire le tri de la presse, le tri du tri donc, dans un flux toujours plus grand d’informations bombardées comme des particules dans un cyclotron.
Aussi faut-il mettre de l’ordre.
Les TEMPAX tentent de faire le ménage avec le balai du despotisme.
Les organes de presse et autres, qui luttent pour leur indépendance, renvoient quant à eux l’image que, fondamentalement, le monde tourne sur lui-même et ne change pas.
Le chaos est institutionnalisé. L’ordre devient un diktat.
Un jour cependant, le chaos finira sa course contre un mur, le mur de la finitude, le mur de sa propre certitude, à la fin de ce qui sera le début d’autre chose. Pour y arriver, les médias, la presse, les financiers, les (futurs) wikileaks devront faire plus que défendre leur liberté, plus que défendre leurs droits.
Lorsque le chaos aura fini sa course, de quel sorte d’infini le peuple pourra-t-il rêver? Quelle autre certitude prendra le relais ? La certitude que l’univers physique, que le monde biologique sont formidablement bien organisés. La certitude que les contraintes cosmologiques sont des limites imposées au chaos pour le contenir et le conduire vers l’ordre (le cosmos). L’ordre deviendra naturel et non plus un diktat. L’ordre est dans la nature même des choses ou du mouvement qui les anime. C’est un ordre qui s’impose à l’être humain et non l’inverse. Il est universel. C’est un mouvement, une tendance universelle. Il était déjà là bien avant que les gens de pouvoir ne s’en mêlent. Il est inscrit dans la nature de l’être humain, dans sa condition.
Le coronavirus est une piqûre de rappel de l’universalité de la condition humaine. C’est une piqûre qui n’est pas sans dommages collatéraux qui eux ne constituent pas un mal nécessaire. Les philosophes, les sociologues, les scientifiques qui parlent d’universalité sont souvent confinés dans l’ombre car ils sont considérés comme des illuminés. Après avoir réglé les questions urgentes entourant le coronavirus, il faudra abattre le mur dressé pour cacher les chercheurs de l’universalité de la condition humaine.
Pour pouvoir observer l’universalité, l’ordre naturel, il faut commencer par avoir envie de l’observer. Pour avoir envie, il faut en revenir à la philosophie. La science n’est pas au sommet de la connaissance. La science n’ est qu’un prolongement de la philosophie. Sans philosophie, il ne peut y avoir de science au service de l’être humain. Spinoza a été une source d’inspiration pour Einstein. Cela démontre que la philosophie peut aider à apporter des réponses à des questions scientifiques fondamentales. Imaginer un monde sans philosophie, c’est imaginer un monde fait de chiffres et de nombres, un monde de robots.
Quelle philosophie ? Quelle pensée ?
Il s’agit d’abord de philosophie fondamentale. Avant d’être appliquée, la philosophie se doit d’être un objet de recherche fondamentale, une mission que les philosophes ont eux- mêmes sabordée (depuis Auguste Comte) et qu’ils devraient ressortir du rayon des affaires classées, à l’exemple de David Chalmers. Car penser la pensée a du potentiel pour mettre fin au chaos.
Comment ?
A la base, en substance (ontologiquement) et d’une manière législative, en comptant jusque trois, le trois étant un dénominateur.
Concrètement, cela veut dire quoi ?
Dans les applications, comme par exemple en politique, prendre en considération trois forces : le pouvoir et l’opposition et une troisième force ; ou en économie : prendre en considération le capital et le travail et un troisième facteur ; …
Fondamentalement, cette approche repose sur l’usage d’un dénominateur (du latin denominator : celui qui nomme, qui désigne) dans une division-multiplication qui n’est une opération nulle qu’en apparence car le résultat est supérieur à la somme du numérateur (du latin numerator : celui qui compte).
Par quel processus ? Par un processus prenant le numérateur le plus large possible et transformant le dénominateur en facteur de multiplication. Contrairement aux apparences, l’opération diviser-multiplier par un même nombre n’est pas nulle car multiplier génère plus d’énergie que diviser :
A+B+C+D+ …
___________ x X > A+B+C+D+ …
X
Illustration : la foi d’un groupe en une idée commune peut soulever des montagnes.
Encore faut-il pouvoir trouver la troisième voie, le dénominateur, qui ne peut pas être que législatif. Il peut aussi être ontologique.
L’enfer, c’est penser seul.
Un processus ontologique à trois, c’est la fin du chaos, la fin de la peur.
La fin de la peur, c’est ‘tu ne tueras pas’.
Ce sera le début de l’amour.
L’être humain pourra alors accoucher de ce qu’il a de meilleur en lui.
Bernard Leclère
© copyright 2019
Fonte.
Matériau de base: rouleau agricole d’une tonne.
Poids : 42kg.
Fait en trois exemplaires
(à Aristote, Montesquieu, Tocqueville, Kant, Hegel, Raymond Aron, whitehead, Eva Illouz et tant d’autres …)